Nazareth envoyés spéciaux
Haut, bas, fragile ! En haut, les rues sont larges, éclairées. En bas, elles sont étroites et sombres. En haut, les rues ont des noms, en bas, elles sont désignées par des numéros. Nazareth Illit, c'est la Nazareth juive, celle d'en haut. En bas, c'est la ville arabe, Nazareth tout court. Une frontière invisible sépare les deux villes, un mur de méfiance et de rancoeur contenue. A l'automne 2000, dans les toutes premières semaines de l'Intifada, trois Palestiniens de Nazareth ont été tués par des juifs de la ville haute lors de manifestations qui ont dégénéré en «chasse aux Arabes». Au lieu de s'interposer, la police a tiré sur les Palestiniens. Dans tout le nord d'Israël, 13 Arabes israéliens avaient été tués en cet automne 2000 : depuis, la rupture menace entre les 1,2 million d'Arabes et les 5,4 millions de juifs.
«Citoyens de seconde classe»
Mohamed Rinawi a choisi d'habiter «en haut». L'été dernier, il a emménagé dans une belle maison qui domine la ville. De son balcon, on voit la basilique de l'Annonciation, la plaine de Galilée et même, par temps clair, Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Mohamed Rinawi est un drôle de self-made man qui n'en fait qu'à sa tête : il a été chauffeur de taxi, entrepreneur de travaux publics et il s'apprête à devenir avocat. Il a décidé de s'installer à Nazareth Illit, parce que «c'est plus calme, plus propre». Mais il précise aussitôt : «On ne vient pas ici par plaisir. C'est parce qu'il n'y a pas de place. Les