Abidjan de notre correspondante
Sur les T-shirts qu'ils distribuent, sur les pancartes qu'ils brandissent lors des manifestations, ils revendiquent la haine : «Je suis xénophobe, y a quoi (et alors) ?», «Mouvement des xénophobes radicaux». Leur philosophie est essentiellement anti : antiétrangers d'une manière générale, antiburkinabés surtout, antifrançais chaque jour un peu plus, anti-Ouattara, (le dirigeant du Rassemblement des républicains, principal parti d'opposition), antinégociations... Ils sont le fer de lance du régime, ce sont eux qui se sont précipités lors de l'appel à la mobilisation générale du gouvernement en décembre, provoquant dans les ambassades un mouvement de panique. L'ancien ambassadeur de France les avait qualifiés, peu diplomatiquement, de «petits fascistes».
Opportunisme. Arpentant les rues par milliers, ils incarnent bruyamment «les Ivoiriens», ou encore «le peuple souverain», mécontents des accords de Marcoussis. Parmi eux, se trouvent beaucoup de jeunes des quartiers pauvres d'Abidjan. Ce n'est pas un hasard si Yopougon, un fief du Front populaire ivoirien, parti de Laurent Gbagbo, fut l'une des premières communes à bouger. L'engagement se conjugue avec l'opportunisme. En pillant les boutiques et les domiciles des Français et des Burkinabés, on réalise les objectifs politiques, et, éventuellement, un profit. Selon Charles Blé Goudé, général de la jeunesse, ces pillards sont des «infiltrés».
Blé Goudé et quelques autres leaders connus jouent un rôle