Caracas envoyé spécial
Arrivé en sauveur à la tête du pays en 1998, le président Hugo Chavez, après quatre ans d'exercice personnel du pouvoir, est aujourd'hui, contesté tous les jours dans la rue. Manifestations, grève générale, campagne des chaînes de télé privées pour sa démission.. Reportage dans un pays proche de l'explosion.
Soudain, les programmes s'interrompent, sur la chaîne publique comme sur les quatre chaînes privées du pays. Sur tous les petits écrans du Venezuela apparaît Hugo Chavez, épaules carrées, raide comme peut l'être un ancien lieutenant-colonel de parachutistes, dans son bureau présidentiel du palais de Miraflores. Comme souvent ces dernières semaines, Hugo Chavez inflige un nouveau «discours à la nation». Un discours fleuve où il sera encore une fois beaucoup question de «révolution bolivarienne», de «peuple bolivarien», de «patrie bolivarienne». De Simon Bolivar, simplement, le libertador, héros national de l'indépendance vénézuélienne, au début du XIXe siècle, cité maintes fois. «Simon Bolivar a dit : "Je suis l'homme de la difficulté." J'ajoute, moi : "Nous sommes le peuple de la difficulté."» Donc Hugo Chavez, «soldat bolivarien», bien sûr, veut «commander la bataille», parce qu'il est «né pour [se] battre pour la patrie», il veut «brûler les vaisseaux de la révolution, car il n'y aura pas de marche arrière». Et quand Simon Bolivar n'y suffit plus, sa réincarnation appelle en vrac à la rescousse Dieu, la Bible et Jésus, épuisant le glossaire militai