Abidjan de notre correspondante
Les accords de Marcoussis, certains Français n'ont pas de mots assez durs pour les critiquer. Plus que la substance du texte, ce sont les formes qui sont évoquées. «On a humilié le président Gbagbo», entend-on souvent. «Des décisions un peu dures, annoncées trop vite, prises par des gens parachutés qui ne connaissent pas la réalité du terrain.» Surtout, l'attribution des ministères de la Défense et de l'Intérieur aux rebelles du Mouvement patriotique de Côte-d'Ivoire, est perçue comme une erreur. «Même si Gbagbo a accepté, il était évident que ça ne passerait pas auprès d'une partie de la population bété [l'ethnie du Président] mais aussi baoulé [celle de l'ex-président Houphouët-Boigny.]» Conclusion : «Les chefs d'Etat et la France ont manqué de discernement», «Gbagbo les a bien eus», en les poussant à la faute.
On pense aussi à Abidjan qu'il fallait, dès le début, soustraire les Français à la prise d'otages prévisible. «On était déjà otages des "patriotes" avant ces événements, il y avait eu des manifestations antifrançaises», explique un ressortissant né en Côte-d'Ivoire avant d'ajouter : «On aurait pu au moins conseiller aux familles de partir.» Aujourd'hui, «c'est trop tard, le pouvoir est aux mains de chômeurs extrémistes, il n'y a plus rien à faire». «Ils ont commencé à piller, à casser, ils y ont pris goût, ils ne vont pas s'arrêter.»
Ignorés. Si les gens stigmatisent l'inefficacité des cellules de crise mises en place, via les îlotiers,