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Libération

Côte-d'Ivoire: les civils entrent dans le conflit

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Troubles à Abidjan, hier, après l'assassinat d'un opposant.
publié le 3 février 2003 à 22h05

Abidjan de notre correspondante

Dans l'air, une odeur de caoutchouc brûlé, au milieu de la route, un bus hérissé de flammèches. Les forces de l'ordre ont repris le contrôle de la situation, même si, ironique ou inquiet, un gendarme crie au passage des voitures : «Ce sont les rebelles qui arrivent.» Sur place, les contrôles vont bon train, des hommes jeunes se sont accroupis dans les canalisations à ciel ouvert qui bordent la grand-route d'Adjamé, un quartier populaire d'Abidjan. Un peu plus loin, une quinzaine d'individus allongés par terre brandissent des papiers d'identité.

Escadrons de la mort. La raison de cette colère, c'est la découverte dans le quartier, le matin même, du corps de Yéréfin Camara, membre du bureau politique du Rassemblement des républicains, le principal parti d'opposition. Comédien vedette de l'émission comique Qui fait ça ? à la télévision nationale, celui qu'on surnomme «H» est connu pour son militantisme. Il lui a valu plusieurs séjours derrière les barreaux et l'année dernière un procès en compagnie d'Ali Coulibaly, le porte-parole du RDR. Samedi soir, on apprend que Camara a été arrêté par des hommes en tenue qui disent «l'avoir emmené à la DST». Le matin, son corps criblé de balles est retrouvé au bord de la voie express dans le quartier d'Adjamé ; c'est la sordide signature des escadrons de la mort, qui sévissent contre les opposants politiques et les «simples citoyens», essentiellement nordistes, depuis le début de la crise. Puis d'Adjamé, les t