Avec le départ, hier, de Vaclav Havel de la présidence tchèque, une parenthèse historique se referme en Europe centrale. Le chef de l'Etat, qui ne pouvait se représenter après deux mandats successifs, était l'ultime dissident encore au pouvoir dans la région. Auréolé de son passé de résistant anticommuniste, prônant la morale en politique, il faisait résonner la voix de cette autre Europe bien au-delà de ses frontières. Privée de son aura, la petite République tchèque risque de retomber dans l'anonymat tandis que l'Europe centrale perd une autorité morale.
Le président-dramaturge, propulsé à la tête de ce qui est encore la Tchécoslovaquie en décembre 1989, en pleine «révolution de velours», peut se féliciter d'avoir réalisé son grand dessein : ancrer son pays dans le camp occidental. Dès 1999, la République tchèque rejoint l'Otan aux côtés de la Pologne et de la Hongrie. Il faudra, en revanche, attendre décembre 2002 pour que s'ouvre la porte de l'Union européenne. Au titre des échecs, Havel, fédéraliste convaincu, n'aura pu empêcher l'éclatement de la Tchécoslovaquie, en janvier 1993. Il laisse aussi, à son grand regret, une scène politique morcelée et déchirée par des rivalités internes, et une société désabusée, sans illusions sur ses dirigeants.
Double attachement. Fort de son autorité internationale, le président tchèque a aussi été le porte-voix des aspirations de cette autre Europe aujourd'hui aux portes de l'UE, soumise durant quarante-cinq ans au joug