Les Nations unies détiennent-elles la preuve formelle que Laurent Gbagbo est impliqué dans les agissements de mystérieux escadrons de la mort qui terrorisent Abidjan depuis plusieurs semaines ? Selon un rapport du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (1), daté du 24 janvier et rendu public quatre jours plus tard, ces escadrons «seraient constitués d'éléments proches du gouvernement, de la garde présidentielle et d'une milice tribale de l'ethnie du Président (les Bétés, ndlr)».
«Hommes en treillis». Selon des témoignages concordants, les personnalités proches de l'opposition dont les corps ont été retrouvés criblés de balles dans les rues d'Abidjan ou sur des terrains vagues ont d'abord été enlevées par des «hommes en treillis», en plein jour ou pendant le couvre-feu, quand seules les forces de l'ordre sont autorisées à patrouiller. Dernière victime de ces escadrons: Camara H, un comédien populaire, membre du Rassemblement des républicains d'Alassane Ouattara (RDR), exécuté dimanche dernier (Libération du 4 février).
Les soupçons pesant sur les proches du pouvoir dans cette série de meurtres restés impunis ne datent pas d'hier. Mais le rapport de l'ONU leur confère, de manière spectaculaire, une nouvelle crédibilité. Le conditionnel reste néanmoins de mise en l'absence de toute enquête indépendante. Régulièrement mises en cause, les autorités ont toujours adopté la même défense : ces crimes seraient perpétrés par des «éléments rebelles» infiltrés au coeur d'Abidjan.