«Seul un accident affectant les lanceurs russes, la navette américaine ou une défaillance technique grave à bord de la station pourrait empêcher l'énorme chantier d'aller au bout.» C'est ce qu'écrivait Libération en octobre 2000, au moment où le premier équipage permanent prenait ses quartiers à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Avec la destruction de Columbia, la question qui est posée.
Amarrage. Dans l'immédiat, les trois astronautes qui tournent à 400 km d'altitude n'ont pas de mouron à se faire. Ils disposent de leur Soyouz de secours et peuvent quitter l'ISS à tout moment. A échéance de quelques mois, la situation n'est pas dramatique non plus. Les Russes avaient prévu de lancer vers l'ISS deux Soyouz et trois cargos Progress en 2003. Le ravitaillement est assuré jusqu'en juin. Pour la suite, en revanche, cela se gâte.
Déjà, il est évident que le calendrier d'assemblage de la station, qui devait être complété en 2005, est bouleversé. Seules les navettes sont capables d'acheminer là-haut les imposants éléments de sa structure, de ses panneaux solaires indispensables pour alimenter l'ISS en électricité. Nul ne peut dire combien de temps la flotte de la Nasa sera bloquée au sol, mais lorsque Sean O'Keefe évoque «le mois de juin» pour une reprise des vols, cela relève plus de la méthode Coué que d'un pronostic raisonnable. Les conséquences réelles de la perte de Columbia risquent d'être sous-estimées en première analyse. Et la reprise des vols plus éloignée