Vienne de notre correspondant
Le chancelier autrichien, Wolfgang Schüssel, n'a vraiment peur de rien. Après avoir osé une alliance avec l'extrême droite il y a trois ans, le leader de la droite conservatrice envisage aujourd'hui de former un nouveau gouvernement avec les écologistes, situés, sur l'échiquier, à l'extrême opposé du parti de Jörg Haider (FPO). Alors que s'enlisent les négociations menées en parallèle depuis deux mois et demi avec le FPO comme avec les sociaux-démocrates (SPO), les conservateurs ont entamé hier des pourparlers avec les Verts. Si les deux partis se mettent d'accord, «un gouvernement pourrait être formé d'ici à la fin février», a annoncé le chancelier Schüssel, grand vainqueur des élections législatives du 24 novembre dernier, avec 42 % des suffrages.
Fin tacticien. Doit-on prendre au sérieux ce désir soudain d'union écologiste de la part d'un homme politique considéré comme le plus fin tacticien que le pays ait connu depuis la guerre ? «La base du parti écologiste est conservatrice, et il existe des points communs [entre les deux formations], notamment sur la nécessité de réduire les déficits publics», remarque le politologue viennois, Emmerich Talos. Avant de pointer «les différences de programme presque insurmontables sur la politique sociale, l'accès des femmes aux responsabilités, l'immigration...» Aux yeux de nombreux Autrichiens, une coalition noire-verte apparaîtrait franchement bizarre. Depuis trois ans, les Verts ont en effet été les plus