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Libération
Reportage

Des Biélorusses inquiets pour leur petit trafic frontalier

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Chômeurs et retraités redoutent que l'élargissement mette fin à leurs combines de survie avec la Pologne.
publié le 13 février 2003 à 22h13

Brest envoyée spéciale

On la verrait mieux sagement assise derrière sa machine à écrire ou, sévère, sur une estrade, face à une classe de galopins plutôt que sur ce pont menant à la frontière de ce qui sera demain la nouvelle Europe. Coiffée d'un béret, elle attend dans son manteau râpé que passe une voiture qui acceptera de la conduire là-bas. Qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente, Tania, comptable au chômage de 37 ans, s'installe chaque matin sur le pont qui enjambe le Bug («boug» en phonétique française) vers la Pologne. Sa destination : Terespol, première ville du pays voisin, où elle vendra ses maigres provisions pour en acheter d'au tres qu'elle revendra à Brest, sa ville natale en Biélorussie.

Intelligentsia paupérisée. «La plupart des automobilistes refusent, car ils sont chargés et ne veulent pas d'ennuis avec la douane», dit-elle d'un ton las. Ce qu'elle porte ne pèse pourtant pas lourd, deux cartouches de cigarettes, une bouteille de vodka. Son gain ne le sera pas davantage : 3 dollars. A son retour, elle aura quel ques saucissons, moins chers en Pologne qu'en Biélorussie qu'elle revendra à des voisins. Tania est contente quand elle réalise un bénéfice net de 5 dollars par jour. Mais ce petit commerce de la misère est menacé par l'élargissement de l'Union européenne, qui conduira la Pologne à imposer des visas aux ressortissants biélorusses dès le 1er juillet. «Qu'allons-nous faire ? Il faut bien payer les charges et l'école du petit, ça coûte même si c'est préte