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Libération

New Delhi fait la chasseaux immigrés bangladais

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Invoquant des «raisons de sécurité», les autorités indiennes veulent expulser ces 20 millions d'exilés qui peuplent les bidonvilles.
publié le 14 février 2003 à 22h15

New Delhi

de notre correspondant

«Mes enfants sont nés ici, mes petits-enfants aussi, se lamente la vieille Hamida Begum en désignant quelques gamins affairés à jouer avec des vieux pneus de bicyclette devant la cabane familiale. Nous sommes indiens maintenant, ils ne peuvent pas nous renvoyer, ce serait comme nous envoyer à l'abattoir.» Ce cri de détresse est monnaie courante, ces jours-ci, dans les quartiers musulmans de New Delhi. Comme Hamida Begum, beaucoup dans ces ghettos, souvent pauvres, sont des immigrés bangladais en situation irrégulière. Et bien qu'ils soient, pour la plupart, installés depuis des années sans jamais avoir été réellement inquiétés par les autorités, ces clandestins risquent aujourd'hui l'expulsion. Début janvier, New Delhi a en effet annoncé son intention de renvoyer tous les immigrés clandestins du pays d'ici le mois de juin. Une décision qui, selon les estimations officielles, concernerait quelque 20 millions de Bangladais dispersés aux quatre coins du territoire.

Depuis, la peur règne au sein de la communauté. Craignant l'arrestation, la plupart prétendent d'ailleurs être des Indiens originaires du Bengale occidental, Etat frontalier où l'on parle la même langue qu'au Bangladesh. Dès qu'un intrus pénètre dans l'un de ces bidonvilles, une armée d'enfants en haillons décampe pour sonner l'alerte aux cris de «police, police !». Pour beaucoup ici, l'expulsion constitue le pire cauchemar imaginable. «Je n'ai plus rien là-bas, ni terres, ni famille, té