Dans le village d'Aranza, sur les hauteurs volcaniques de l'Etat de Michoacan, les champs de maïs sont toujours là, mais seuls de rares hommes âgés s'y affairent. Munis d'outils rudimentaires et de quelques tracteurs qu'ils se partagent, ces paysans semblent des survivants d'une histoire touchant à sa fin. Depuis le milieu des années 80, et plus encore avec la participation du Mexique à l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) en 1994, l'entrée massive sur le marché mexicain de produits importés des Etats-Unis a ravagé l'agriculture nationale. «Avant, tout le monde faisait du maïs et de l'élevage, ici comme dans tout le Mexique. Aujourd'hui, nous ne sommes plus qu'une centaine de vieux à continuer dans le village. Les jeunes partent vivre aux Etats-Unis ou vont en ville. Nous n'arrivons plus à vendre nos produits : personne ne les achète», explique Raoul Maceras, 64 ans, dont cinquante-deux de travail de la terre, sur sa petite parcelle de deux hectares.
«Beaucoup de communautés de la région tiennent le coup grâce à l'argent que les familles envoient des Etats-Unis ou aux cultures alternatives de marijuana et d'opium, précise Juan Manuel Argote, de l'Association de producteurs Juan Trejo. Désormais, 30 % de notre économie locale se fonde sur la culture de drogues», alors que 3 milliards de dollars sont chaque année envoyés dans le Michoacan par des Mexicains émigrés aux Etats-Unis. Une somme qui représente trente fois l'ensemble des aides publiques du ministè