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Libération
Reportage

Au Zimbabwe, la réforme agraire sème la misère

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La redistribution des terres par Mugabe n'a profité qu'aux grands exploitants soutenus par le régime.
publié le 21 février 2003 à 22h29

Matebeleland envoyée spéciale

Sous les pieds nus de Lovemore Langa, la terre est rouge et craquelée. Le maïs semé par cet ancien chômeur, ouvrier agricole depuis un an, se résume à de petites pousses jaunes et sèches. «Tout a brûlé sur pied», explique ce jeune homme, recruté par l'un des nouveaux propriétaires des lieux, un médecin de Bulawayo, la seconde ville du pays. Lovemore Langa ne cache pas son découragement. «Je ne sais pas ce que je vais dire au patron quand il reviendra. La terre est trop sèche et il ne pleut pas. Il nous faudrait une pompe, des tuyaux, du matériel d'irrigation.»

Un an après sa redistribution, en janvier 2002, la désolation règne à Embizeni, un ranch de 2 000 hectares autrefois détenu par Alec Murray, un éleveur blanc. Proche de Figtree, une localité du Matebeleland, au sud-ouest du Zimbabwe, cette propriété ne compte plus une seule vache aujourd'hui. Une partie de ce cheptel de 400 têtes a été décimée par la sécheresse. Surtout, pour tirer un revenu facile, les nouveaux propriétaires se sont empressés de vendre le bétail.

«Rien à manger.» Ici, ils sont 16 citoyens ordinaires à avoir bénéficié de la «redistribution rapide» des terres engagée en février 2000 par le président Robert Mugabe. Lovemore Langa, lui, ne sait pas quoi penser de cette réforme agraire, qui a vu la quasi-totalité des 65 % de terres arables autrefois cultivées par 4 500 fermiers blancs passer aux mains de Zimbabwéens noirs. «D'un côté, nous avons récupéré notre bien, dit-il, mais,