Bogota de notre correspondant
Quand les balles ont fusé une fois de plus, Diego s'est réfugié derrière un arbre. «Je l'ai serré très fort, en priant pour que ça s'arrête.» Captif de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) dans les montagnes au sud de Bogota depuis plusieurs mois, il ne voulait pas mourir dans l'attaque des militaires contre ses ravisseurs. Ce n'était pas la première fois que cette peur le saisissait depuis qu'un après-midi d'avril 2001, des hommes armés étaient montés dans sa voiture à un feu rouge de Bogota. Ce jour-là, on l'avait obligé à conduire jusqu'à l'extérieur de la ville, puis livré à des hommes en treillis et Diego avait vite réalisé qu'il venait de grossir la liste des 3 000 Colombiens enlevés chaque année.
Extorsion. Comme lui, presque le tiers d'entre eux termine entre les mains des Farc, première guérilla du pays avec 17 000 combattants, et très présente au sud de la capitale. Ailleurs, Diego aurait pu être détenu par les 4 500 hommes de l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), qui ont kidnappé l'an dernier plus de 700 personnes et dont l'essentiel des revenus provient de l'extorsion et de l'enlèvement contre rançon. Qu'elles le soient par des guérilleros ou par des délinquants de droit commun, six personnes enlevées sur dix le sont contre un butin, aussi maigre soit-il. «Nous avons eu le cas d'un camionneur kidnappé pour une simple cargaison de patates», raconte Julieta Pescador, de l'association c