Vienne de notre correspondant
Cette fois-ci, l'Autriche pense avoir définitivement réglé ses comptes avec son passé nazi. En 1998, menacé par une série de plaintes déposées devant des tribunaux américains, le gouvernement autrichien à l'époque dirigé par le socialiste Viktor Klima riposte en instituant, sur le modèle de la commission Bergier en Suisse, une commission d'historiens chargée de faire toute la lumière sur les «spoliations commises à l'époque nazie sur le territoire autrichien et les restitutions effectuées depuis 1945».
«A contrecoeur.» Quatre années de travaux approfondis auxquels 160 historiens ont participé, pour aboutir à un épais rapport de 14 000 pages, disponible sur Internet, qui dresse un bilan très sévère de l'attitude des Autrichiens à l'égard des victimes du nazisme, juives, surtout, mais aussi tsiganes, croates, tchèques, homosexuelles et catholiques. La population autrichienne a «largement participé» à ces spoliations aux côtés de l'Etat, a souligné hier le président de la commission, Clemens Jabloner, en rendant public son rapport. Avant d'ajouter : «Il serait injuste de reprocher à la République autrichienne de n'avoir rien entrepris dans le but de restituer les biens spoliés, mais il est vrai que les mesures de restitution ou de dédommagement n'ont souvent été prises qu'à contrecoeur.»
Le cas de l'imprimerie Ullstein constitue un exemple éclairant. Juifs et propriétaires de la deuxième plus grosse imprimerie du pays, les Ullstein, à l'arrivée de