Les expositions battent des records d'affluence, les livres
sur l'époque font partie des best-sellers... Sous la pression de la jeune génération, le pays ouvre les yeux sur les crimes dufranquisme, à l'heure où des fosses communes sont mises au jour.
Madrid de notre correspondant
Le 16 mai 2002 restera à jamais gravé dans la mémoire de José Murillo. Ce jour-là, le Parlement espagnol accorde aux résistants anti-franquistes le statut de «combattants pour la liberté et contre la dictature». «Toute ma vie, on m'a traité de bandolero, de "rouge", de traître à la patrie. Il a fallu plus d'un demi-siècle pour que mes camarades et moi soyons réhabilités.» A 78 ans, José Murillo marche péniblement et souffre d'arthrose, mais sa mémoire d'éléphant est intacte. Dans le local des anciens de la guerre civile, à deux pas de la Plaza Mayor madrilène, l'homme est loquace sur ce qu'il appelle sa «nouvelle vie» : «J'ai tant souffert par le passé, alors je savoure d'autant plus ma petite célébrité.»
Celle-ci est en effet arrivée tardivement. Après la mort de Franco, en 1975, José Murillo pouvait se vanter d'un parcours héroïque : au sortir de la guerre civile, il a 17 ans quand il entre en résistance contre le Caudillo, avant de devenir le «commandant Rios», un des chefs du mouvement des «maquis» dans la sierra Morena, près de Cordoue ; fait prisonnier après neuf ans de clandestinité, il restera en prison jusqu'en 1963, après avoir échappé par miracle à deux condamnations à mort. Pourtant, la démo