Bangkok de notre correspondant
Près de 1 000 morts en moins d'un mois, une moyenne de quarante tués par jour... C'est le bilan de la campagne contre les narcotrafiquants lancée le 1er fé vrier par le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra. Pour le chef du gouvernement, dont l'objectif est de faire disparaître les métamphétamines du pays d'ici la fin avril, ce lourd bilan n'a rien d'extraordinaire. «Les malfrats se mélangent aux malfrats et finissent leur vie de façon sordide», a-t-il lancé mercredi. Traduction : la majorité de ces meurtres sont le fait de trafiquants éliminant leurs comparses par peur d'être dénoncés. Selon le bilan officiel du ministère de l'Intérieur, sur les 983 assassinats de «trafiquants suspectés» ces quatre dernières semaines, seuls 16 auraient été tués par des policiers en état de légitime défense. Curieusement, aucun meurtrier n'a encore été arrêté.
Plébiscite. Depuis le début du mois, les doutes sur cette version officielle sont nombreux. Ils ont atteint ces derniers jours Amnesty International et la commission des droits de l'homme des Nations unies. Lundi, Asma Jahangir, rapporteur spécial sur les exécutions arbitraires auprès de la commission, a demandé que «les principes fondamentaux des Nations unies sur l'usage de la force et des armes par les personnels de police soient suivis strictement et sans exception». Le Premier ministre Thaksin a balayé cette remarque : «Il n'est pas nécessaire pour la Thaïlande d'expliquer quoi que ce soit à