Kalak envoyé spécial
Trois camions et une demi-douzaine de minibus déglingués font la queue sur le pont qui enjambe le Zaab aux eaux boueuses gonflées par les pluies. Il y a encore trois mois, des centaines de véhicules passaient chaque jour au-dessus de la rivière qui sépare, à une vingtaine de kilomètres au sud d'Erbil, la zone autonome kurde des territoires sous le contrôle du régime de Saddam Hussein. «La police irakienne interdit désormais aux Arabes de venir de ce côté, seuls les Kurdes qui vivent encore là-bas ont le droit de venir sans apporter aucune marchandise et surtout pas de l'essence», explique Ahmed Mohammed, un policier du gouvernement régional kurde. D'un côté comme de l'autre, la machine de guerre se met peu à peu en place.
Positions irakiennes. A quelques centaines de mètres en amont, le village de Kalak, quelque cinq cents maisons basses de boue séchée ou de béton, est une petite enclave kurde sur la rive sud. Les premières positions irakiennes se dressent à une centaine de mètres sur la crête des collines et les soldats sont visibles à l'oeil nu, étendant leur linge, faisant des manoeuvres ou jouant au football. Pas un seul coup de feu n'a été tiré depuis longtemps. Chacun sait que l'intervention américaine va bientôt commencer. «Saddam Hussein est un criminel et cela fait plus de dix ans qu'ils auraient dû balayer ce régime», assure Suleiman Hasan, un des représentants du conseil municipal. Les peshmergas, les combattants kurdes qui protègent le village,