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Libération

Algérie: les disparus sur la route de Chirac

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La visite du président français donne de l'espoir aux familles.
publié le 4 mars 2003 à 21h47

Alger envoyée spéciale

C'est la photo qu'il faut cacher, ce trésor, ce visage chéri. Au fond du sac peut-être. Non, trop évident. Fatma écarte sa tunique, les blouses, les linges et là, sur la poitrine, contre une poignée de grigris qui se balancent en pendentif, elle serre l'image. «Vite, il faut y aller.» Une dizaine de femmes, jeunes, vieilles, serrent leur fichu. D'autres partiront dans cinq minutes, puis d'autres encore, par petits groupes toujours, plus sûrs et plus discrets. Et c'est parti pour le cache-cache sinistre, toujours le même depuis tant d'années.

Pour la visite de Jacques Chirac en Algérie, l'association SOS-Disparus guette chacun de ses déplacements pour tenter de brandir sur son passage la photo de celui, un mari, un frère, un enfant, qu'elles n'ont plus jamais revu depuis que les forces de sécurité sont venues un jour le chercher.

Dimanche, une quinzaine de femmes s'approchaient du trajet officiel : emmenées et malmenées au commissariat. «Ça finit toujours comme ça. Cette fois, ils ont déchiré nos photos, la seule que j'ai de mon fils.» Interrogé, hier à Alger, sur ce dossier que plusieurs ONG le pressaient d'aborder, le Président français a très sèchement répondu : «Nous en avons parlé avec le président Bouteflika.» Ces 7 000 disparus, chiffre inégalé dans le monde (à l'exception de la Bosnie) pour la dernière décennie selon Human Rights Watch, sont pourtant devenus un des symboles les plus terribles de la sale guerre. «Au-delà de l'horreur elle-même, les