Ankara envoyé spécial
Embarrassés et divisés, les islamistes modérés au pouvoir à Ankara ne semblent pas pressés d'organiser un nouveau vote des députés sur le déploiement de 62 000 GI pour l'ouverture d'un front nord contre le régime de Bagdad. Malgré les pressions de l'administration américaine, qui menace de ne plus accorder les quelque 25 milliards de dollars d'aides et de prêts promis en échange, les dirigeants de l'AKP (Parti de la justice et du développement) ne pensent pas présenter avant «au moins dix à quinze jours» une nouvelle motion devant un Parlement où ils disposent pourtant de presque des deux tiers des sièges. «Nous ne pouvons pas faire plus vite, même si les Américains sont pressés», assure le président de la commission des Affaires étrangères, Mehmet Dülger, très irrité du comportement de Washington, «qui ne nous a pas traités comme des alliés mais comme des inférieurs à qui on donne quelques gages».
Rejet-surprise. Non sans de sérieux doutes, il avait voté, samedi, pour le texte laborieusement élaboré par le gouvernement qui prévoit aussi l'envoi de troupes turques en Irak du Nord pour y bloquer l'éventuelle proclamation d'un Etat kurde. Une centaine d'autres parlementaires de l'AKP, dont au moins trois ministres, se sont abstenus ou ont voté contre, entraînant son rejet-surprise. «Le texte doit être reformulé pour tenir compte de la sensibilité du peuple turc», renchérit le président du Parlement Bülent Arinç, depuis le début opposé à la participation d