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Libération
Interview

«Un Irak proaméricain achèverait l'encerclement de l'Iran»

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publié le 7 mars 2003 à 21h52

Professeur à l'Institut universitaire de hautes études internationales à Genève, Mohammad-Reza Djalili est spécialiste de l'Iran et de l'Asie centrale. Il vient de publier chez PUF avec Thierry Kellner, Géopolitique de la nouvelle Asie centrale, de la fin de l'URSS à l'après-11 septembre. Il analyse le jeu de Téhéran confronté à la «probable» intervention des Etats-Unis contre l'Irak, qui pourrait achever du coup l'encerclement de la République islamique de Téhéran par des régimes proaméricains.

Des millions de personnes ont marché en Europe contre la guerre ces dernières semaines. Quelle est la perception de la société iranienne face à la perspective d'une intervention armée contre l'Irak, pays comme l'Iran qui fait partie de «l'axe du Mal» défini par George Bush ?

Personne n'a marché dans les rues de Téhéran, car la population iranienne a en mémoire l'agression perpétrée par l'Irak contre elle, avec le recours d'armes chimiques sur la population civile, les missiles sur la capitale, la mort d'environ 500 000 Iraniens, dont des milliers de jeunes, surnommés «les soldats-kleenex», car leur mission était de sauter sur les mines posées par l'armée irakienne. Bref, défiler contre la guerre signifie aux yeux de beaucoup d'Iraniens, défiler pour le criminel de guerre Saddam Hussein.

Politiquement, l'unique ambition aujourd'hui des réformateurs islamiques comme des radicaux est de se maintenir au pouvoir. Or une intervention américaine représente de multiples défis : géopolitiquement