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Libération

Brésil: les sans-terre lèvent la trêve

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Malgré l'élection de Lula, ce mouvement de travailleurs ruraux a repris les occupations pour obtenir une réforme agraire.
publié le 8 mars 2003 à 21h55

São Paulo

de notre correspondante

Suspendues aux flancs d¹un vallon, des bicoques recouvertes de bâches noires tentent de résister à la tornade. Les pluies ont déjà fait le coup ­ tout emporter sur leur passage ­ aux 400 familles qui vivent dans ce campement du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), où il n¹y a ni eau, ni égouts, ni électricité. Une «favela rurale» qui répond au nom de Terre sans maux.

Situé à Casamar, non loin de São Paulo, ce terrain de 250 hectares a été «envahi» en avril, à l¹initiative du MST, qui lutte pour la réforme agraire au Brésil, avec l¹aide de l¹Eglise. La compagnie de distribution de l¹eau en revendique la propriété, mais, annonce Oswaldo, l¹un des coordinateurs du campement, qui arbore un médaillon à l¹effigie de Che Guevara : «Nous ne partirons pas d¹ici avant que chaque famille ait obtenu un lopin. Et, avec Lula, on espère que la police sera moins violente envers nous.»

Fin octobre avec l¹élection de Luiz Inacio Lula da Silva, nouveau président du Brésil et leader du Parti des travailleurs (PT, gauche), Terre sans maux a repris espoir. Historiquement lié à ce parti (1), le MST a fait campagne pour Lula, massivement plébiscité dans ce coin. «Je vote pour lui parce qu¹il vient d¹en bas, explique Alfredo. Lula, il est comme nous, il a vécu la pauvreté dans sa chair, il a eu faim. Il ne peut pas nous oublier.» «Comme Lula», cet homme de 56 ans vient du Nordeste, la région la plus pauvre du pays. Il a été métallo comme lui et a perdu un