La Valette envoyée spéciale
«Taqbel li Malta ssir membru ta'l-Unjoni Ewropea fit-tkabbir li se jsir fl-1 ta'Mejju, 2004 ?» En répondant par iva (oui) ou le (non) à cette question, les Maltais scelleront ce samedi leur sort : rejoindre ou non l'Union européenne le 1er mai 2004. Accessoirement, l'étrange langue, hybride d'arabe et de sicilien, de ce petit archipel méditerranéen deviendra l'une des langues officielles de l'Union élargie. «Que m'importe qu'on parle le malti à Bruxelles, si nos cinq eurodéputés n'ont droit qu'à 450 secondes de parole annuelle au Parlement européen !», peste une habitante, dans l'océan de lettres de lecteurs, d'éditoriaux et de con tributions de tous bords qui inonde chaque jour la presse locale. Sur les remparts, d'où quelques centaines de chevaliers de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem repoussèrent l'assaut de 30 000 guerriers ottomans lors du siège héroïque de 1565, une pancarte pointe la direction de Bruxelles, à 2 030 kilomètres de là. Pour bon nombre des 380 000 habitants qui peuplent cette île forteresse d'à peine 300 km2, voter non, c'est refuser le joug de ce nouvel envahisseur.
Acte de loyauté. Affiches, encarts publicitaires, programmes de télé et de radio, discussions de comptoir, le Clochemerle maltais n'a plus que l'Europe à la bouche. Une overdose d'informations, de chiffres, d'avis sur l'impact de la moindre directive, «mais pas de vrai débat», déplore pourtant le sociologue Godfrey Baldacchino : «C'est un duel de professions de foi