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Libération

Le religieux entre en politique à Abidjan

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Musulmans, pentecôtistes... chaque confession a pris position dans le conflit.
publié le 10 mars 2003 à 21h57

Abidjan de notre correspondante

«Rares sont les familles où les gens dorment en toute quiétude, à cause de la psychose provoquée par les éléments incontrôlés et les escadrons de la mort.» Dans la grande mosquée de la Riviera, à Abidjan, une sourate s'élève. Du haut de sa chaire, l'imam Idriss Koudouss, président du Conseil national islamique, dénonce les exactions à l'encontre de sa communauté, «victime expiatoire», la duplicité de la classe politique, la culture de la haine des médias d'Etat, l'insécurité créée par les forces de l'ordre en toute impunité. Patience et tolérance sont toujours prônées, mais c'est la première fois en six mois que les imams poussent un tel cri d'alarme.

Victimes civiles. Depuis janvier, les escadrons de la mort ont assassiné deux imams, un prédicateur a été tué par les forces de l'ordre, une «bavure». Dès le début de la crise, des associations de la communauté musulmane ­ officiellement 40 % des 16 millions d'habitants du pays ­ ont commencé à dresser des listes. Selon l'imam Koudouss, on dénombre «plusieurs centaines de victimes civiles musulmanes» dans les zones contrôlées par les forces gouvernementales. «La DST, la préfecture de police et la brigade de gendarmerie sont pleines de musulmans. Tous les jours, j'interviens pour faire sortir quelqu'un. Hier encore, c'était un imam.»

Devant le conseil consultatif des imams, Idriss Koudouss s'est exprimé le 1er mars au matin. Le soir même, le président ivoirien, récusant toute implication du pouvoir d