Pékin de notre correspondant
Qui peut avoir envie d'aider un pays qui fait du chantage à l'arme nucléaire, réserve ses maigres ressources prioritairement à son armée et laisse son peuple dans le plus complet dénuement ? C'est le dilemme auquel sont confrontées les grandes organisations internationales qui fournissent une aide humanitaire à la Corée du Nord, et sont en butte à une sérieuse panne des contributions.
L'Unicef, l'agence de l'ONU chargée de l'enfance, a lancé hier un véritable cri d'alarme à Pékin, après avoir reçu seulement 2 % des sommes demandées pour 2003. «Nous allons être obligés de stopper le mois prochain les vaccinations d'enfants et les distributions des cinq médicaments de base dans les cliniques. L'absence de financement fait courir aux enfants le risque de la malnutrition et de la mort», a déclaré Mehr Khan, directrice régionale de l'Unicef, de retour de Corée du Nord.
Même constat de la part du Programme alimentaire mondial (PAM), principal fournisseur d'aide alimentaire à ce pays qui sort à peine d'une famine catastrophique et qui vient de traverser un hiver très rigoureux : sur les 512 000 tonnes d'aide demandées pour cette année, l'organisation enregistre un déficit de 325 000 tonnes, qui peut avoir des conséquences dramatiques dans les prochains mois, estime son rapport mensuel rendu public hier.
En février, 2,9 millions de personnes sur les 4,2 millions de «bénéficiaires prioritaires» de l'aide n'ont pu être nourries faute de contributions, précise