Prague envoyé spécial
«L'été, avec des copains d'école, on allait chasser le rat. Pour ça, on fait un feu à l'entrée du terrier et on le harponne à la sortie avec un crochet en fer. Après, on ramasse tous les grains de maïs et de riz que l'animal a mis de côté dans son trou. Le civet de rat accommodé avec ses provisions est un régal quand on a faim. Sinon, en règle générale, on se nourrissait d'herbes bouillies.» La tête pleine de souvenirs qu'il préférerait ne pas ramener à la surface, Hyok est assis dans un restaurant de Prague. L'adolescent, aujourd'hui âgé de 16 ans, est venu en République tchèque témoigner sur son pays, la Corée du Nord (1).
Hyok a fui en Chine avec ses deux parents, en 1998, en traversant clandestinement le fleuve Tumen. Après avoir survécu très difficilement en Chine, où ils sont sans cesse pourchassés par la police qui cherche à rapatrier de force les réfugiés nord-coréens, ils finissent par atteindre la Corée du Sud, quatre ans plus tard, en 2001, via le Vietnam, le Cambodge et la Thaïlande.
«Paradis sur terre.» «En Corée du Nord, on ne se rendait absolument pas compte que la situation avait quelque chose d'anormal. On était persuadés, tant on nous le répétait dans les cours de politique, que la Corée du Nord était un paradis sur terre, avec Kim Il-sung et Kim Jong-il comme dieux et seul horizon. Pour nous, les Etats-Unis, l'Europe, étaient des pays bien pires. Dans une bande dessinée, on nous présentait les Etats-Unis comme un pays où on risquait de s