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Libération

Une «bombe humaine» contre la corruption en Chine

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Un chômeur a menacé de se faire exploser hier à Pékin.
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publié le 13 mars 2003 à 22h02

Pékin de notre correspondant

L'homme, la trentaine, élégant, avait le doigt nerveusement posé en permanence sur un bouton rouge relié par des fils électriques à un sac porté autour de son cou. Il exigeait de s'adresser au monde, de dire «à quel point la Chine est corrompue», de raconter sa propre histoire... Faute de quoi il menaçait de faire exploser la bombe qu'il affirmait porter dans son sac.

Cet incident sans précédent, qui s'est produit hier dans le centre de Pékin, s'est finalement terminé sans explosion ­ selon la police, il n'y avait pas de bombe dans le sac ­ et sans violence, malgré la présence de tireurs d'élite de la police chinoise. L'homme a été maîtrisé par les policiers après trois heures de forte tension. Mais son geste a mis en évidence la violence individuelle à laquelle sont poussés certains Chinois dans une situation de détresse sociale extrême.

Doléances. L'homme, qui a dit s'appeler Fang Qinghui, un chômeur de 34 ans venu du nord de la Chine, avait bien choisi l'endroit ­ le bureau de l'agence de presse britannique Reuters, dans un immeuble moderne de Pékin ­, et surtout le moment : la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire, le Parlement chinois, moment de forte médiatisation au cours duquel, traditionnellement, les mécontents tentent de faire parvenir leurs doléances aux quelque 3 000 délégués réunis place Tiananmen. Un moment particulier, aussi, à quatre jours de l'élection, dimanche, de Hu Jintao pour remplacer Jiang Zemin à la tête de l'