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Libération

Les rabat-joie du Maroc and roll

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14 jeunes amateurs de hard-rock condamnés pour satanisme.
publié le 14 mars 2003 à 22h04
(mis à jour le 14 mars 2003 à 22h04)

Par dizaines, les lettres ont inondé le Net. «Qui êtes-vous, ceux qui veulent nous rendre fous par tant d'injustice, nous humilier à faire la queue sur les quais du départ vers l'ailleurs ? La jeunesse crève sous l'ennui, dans le détroit [de Gibraltar], le chômage et la prison. Certains partent avec des papiers, d'autres dans des pateras (les embarcations de clandestins qui franchissent le détroit). Question de fric. Mais tout le monde veut partir, car nous sommes haïs dans notre propre pays...»

Jamais, sans doute, depuis la fin des années de plomb, la réaction de la société n'aura été aussi vive et la constitution de «comités de soutien» aussi rapide. «Le gouvernement techno condamne la musique techno» ; «les inquisiteurs vous traquent» ; «le système s'emballe», ont titré les médias privés, scandalisés par le procès de 14 amateurs de hard-rock soupçonnés de «satanisme». Sans antécédents judiciaires, âgés de 22 à 35 ans, ils ont été condamnés, le 6 mars à Casablanca, à des peines de un mois à un an de prison ferme pour «troubles à l'ordre public» et «actes pouvant ébranler la foi des musulmans». Un verdict sans lequel ce procès n'aurait été que farce grotesque et caricature d'une justice rétrograde.

Piercings discrets. Tout commence le 14 février avec l'arrestation à leur domicile des quatorze musiciens ou amateurs de hard-rock, de heavy et death metal. «Dégradation des moeurs, incitation à la débauche et actes attentatoires à la religion musulmane», tonne l'a