Vaduz envoyé spécial
Un calme étrange règne sur Vaduz. Certes, la forteresse des princes von-und-zu-Liechtenstein, accrochée à son pic rocheux, continue d'écraser, de sa sombre puissance, l'ancien village de paysans devenu l'une des places financières les plus prisées du monde. Comme à l'accoutumée, des hommes en costume sombre s'affairent discrètement derrière les vitres teintées des trente établissements bancaires alignés le long de la rue principale. Au coeur de cette minuscule principauté, classée au quatrième rang des Etats les plus riches de la planète, l'harmonie du monde et de ses richesses semble poursuivre imperturbablement son cours.
Trouble existentiel. Et pourtant. En cet après-midi de mars, de sourds grondements annoncent de terribles tempêtes. Parce que les femmes des villages tremblent de voir leurs fils enrôlés dans une guerre meurtrière ? Pas du tout. Les gesticulations belliqueuses de George W. Bush n'ont aucune prise sur le minuscule Etat protégé par ses deux rangées de montagnes. L'étroite vallée de seize kilomètres de long sur dix kilomètres de large n'a, de toute façon, pas d'armée. Non, le trouble qui agite les âmes liechtensteinoises est bien plus existentiel. Dimanche, ce peuple de 22 000 sujets doit décider par référendum d'un changement de la Constitution. Le prince Hans-Adam II réclame plus de pouvoirs, renvoyant le pays à une monarchie absolue pour le moins anachronique en ce début de troisième millénaire.
«Quand j'essaie d'expliquer la question à