Pékin de notre correspondant
«Ces applaudissements montrent le soutien du peuple aux nouveaux dirigeants et au projet de petite aisance défini par le XVIe congrès du Parti», s'enthousiasme le journaliste de la télévision chinoise. Derrière lui, dans l'immense salle de conférences du grand palais du Peuple, les 3 000 délégués de l'Assemblée nationale populaire (ANP), le Parlement chinois, acclament les hommes qui vont désormais diriger 1,3 milliard de Chinois.
Dès qu'on s'éloigne de la place Tiananmen, où se déroulait, ce week-end, l'«élection» des nouveaux dirigeants, une fois passés les cordons de policiers, c'est l'indifférence. Le «peuple» dont se prévalait le journaliste n'était pas au rendez-vous, pas même devant les téléviseurs. Comme pour une pièce de théâtre déjà vue maintes fois, les Pékinois n'avaient guère le goût, hier, aux jeux de pouvoir qui se déroulent sans eux.
Sans fausse note. Malgré ce constat renouvelé du fossé entre le leadership et la population, il faut reconnaître que le Parti communiste chinois (PCC) a réussi une passation de pouvoir sans la moindre fausse note. Le scénario imaginé, il y a plus de dix ans, par le patriarche, aujourd'hui décédé, Deng Xiaoping, a été respecté à la lettre : Hu Jintao, 60 ans, a succédé, samedi, au septuagénaire Jiang Zemin à la présidence de la République, quatre mois après avoir déjà endossé son habit de secrétaire général du PCC. Les autres dirigeants de la vieille garde, le président de l'ANP, Li Peng, l'«homme du mass