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Libération

Afrique du Sud: l'apartheid ne sera pas jugé

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Le texte final de la Commission vérité et réconciliation a été rendu vendredi.
publié le 22 mars 2003 à 22h17

Johannesbourg

de notre correspondante

L'ancien primat anglican et prix Nobel de la paix Desmond Tutu a remis vendredi au président sud-africain Thabo Mbeki le rapport final de la Commission Vérité et Réconciliation (TRC). Cinq ans après la fin des audiences qui ont bouleversé l'Afrique du Sud post-apartheid de 1996 à 1998, le rapport offre une ultime révélation : Frederik De Klerk a admis savoir que le «régime de l'apartheid», dont il était vice-président, a commandité en 1988 un attentat à la bombe contre le siège du Conseil national des Eglises, à Johannesbourg. Auditionné à deux reprises en 1996 et 1997, il avait pourtant, sans ciller, affirmé le contraire. Cet aveu de dernière minute, inclus dans les deux derniers des sept volumes qui forment le rapport final de la TRC, dit bien la fragilité du travail de «vérité» entrepris par la nouvelle Afrique du Sud.

Enjeux brûlants. Treize ans après la fin de l'apartheid, les enjeux sont toujours brûlants. Si le rapport final a été rendu si tard, c'est qu'il a fallu du temps pour calmer les esprits et empêcher les antagonismes de ressurgir. Des personnalités encore dotées d'un énorme poids politique, comme Winnie Madikizela-Mandela, l'ex-femme de Nelson Mandela, et Mangosuthu Buthelezi, chef des nationalistes zoulous du parti de l'Inkhata, ont en effet été reconnus «responsables» par la TRC de violations des droits de l'homme pendant l'apartheid. Faute d'avoir demandé l'amnistie avant les audiences de la TRC, ils devraient en principe