Grozny envoyée spéciale
Sur le toit de l'école récemment rénovée, des hommes en tenue de camouflage se dressent, l'arme au poing. Tout autour, les rues n'ont jamais été aussi désertes. Ce n'est pas jour de classe aujourd'hui à Grozny. L'école a été transformée en bureau de vote. Dans leur ville dévastée par la guerre, les Tchétchènes votent sur un nouveau projet de Constitution qui doit ramener la petite République dans le giron de la Fédération de Russie. A l'intérieur du bureau de vote numéro 377, les hommes armés sont plus nombreux que les votants. Des affiches appellent ouvertement à dire oui. «Choisis toi-même. La paix ou la guerre. La loi ou le désordre. Le travail ou le chômage. La prospérité ou la misère. Le référendum, c'est la paix.»
Le message semble être passé auprès de ceux qui se sont déplacés pour prendre part à la consultation. «Je n'ai pas lu le texte de la Constitution. Mais je veux la paix. J'espère qu'après cela tout ira mieux», souligne Malika Margaïeva, une mère de famille de 52 ans. En sortant du bureau de vote 372, situé lui dans un jardin d'enfants du quartier d'Oktiabrskoïé, personne ne dit avoir voté non. «Ceux qui sont contre sont restés chez eux», dit Moussa, un régulateur de 49 ans. Un peu plus loin, un groupe de jeunes se tient à distance. Eux n'ont pas voté. «A quoi bon, disent-ils, quand on connaît déjà les résultats.» Les opposants à la consultation n'avaient pas pu faire campagne dans cette région où 80 000 soldats russes sont toujours déploy