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Libération

Au Nigéria, l'or noir sur un baril de poudre

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Attaquées, les compagnies pétrolières ferment leurs sites.
publié le 25 mars 2003 à 22h20

Panique au Nigeria : le groupe pétrolier français TotalFinaElf, l'unité nigériane de ChevronTexaco, celle de Royal Dutch-Shell ferment leurs unités de production en raison de l'insécurité qui règne au Sud, dans l'une des régions de la planète les plus riches en pétrole. Alors que la campagne électorale pour les élections du 19 avril attise les convoitises et une violence latente (lire ci-dessous), le delta du Niger est le théâtre d'affrontements qui auraient fait plusieurs dizaines de morts. Hier, l'armée a annoncé qu'elle avait contrecarré de nouvelles attaques de militants ijaws sur des localités et des installations pétrolières. Les Ijaws, l'ethnie la plus importante de la région, ont pris pour cible les compagnies pétrolières pour faire valoir leurs revendications. Ils se plaignent de la pollution engendrée par l'exploitation de l'or noir et réclament des compensations pour les dommages subis. Mais ils accusent aussi le président Olesegun Obasanjo de favoriser, pour des raisons électorales, une communauté rivale, les Itsekeris, et l'armée nigériane de se livrer à des exactions contre leurs villages.

Les mécontentements des laissés-pour-compte de la manne pétrolière doivent beaucoup à la négligence de l'Etat et de la classe politique. Sixième exportateur de pétrole, le Nigeria est soumis à des coupures d'électricité et d'eau, et le retour des pénuries d'essence rappelle l'époque sombre des dictatures militaires. Sous la pression des militants du Delta, et jadis celle de l'