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Libération

Suède : «Bordellmamman» jugée pour l'exemple

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Accusée de proxénétisme, Teresa L. fera les frais de la nouvelle loi sur la prostitution.
publié le 26 mars 2003 à 22h22

Stockholm

de notre correspondant

Les journaux suédois l'ont baptisée «bordellmamman», ce qui se passe de traduction. Vendredi, le procureur du tribunal de Solna, au nord de Stockholm, l'a nommée Teresa L. en lisant son acte d'accusation pour «proxénétisme aggravé», «privation de liberté» et «trafic d'êtres humains à but sexuel». Dans une autre vie, Teresa s'appelait Harriet, avant son opération. Elle en a gardé une voix éraillée et les épaules larges. Libération l'avait rencontrée en 1998 et en 1999, alors que la Suède venait de voter une loi unique au monde criminalisant l'achat de services sexuels, mais pas leur vente. En clair, les prostituées peuvent continuer à faire le tapin. Seuls les clients risquent jusqu'à six mois de prison. Teresa, qui se prostituait elle-même depuis des années, se préparait alors à la quasi-disparition du trottoir : téléphone mobile, Internet (elle avait suivi une formation), petites annonces, Teresa tentait aussi d'organiser des prostituées désemparées face à la nouvelle loi, envisageait de proposer à ses clients un saut en ferry vers l'Estonie voisine, «où les filles bon marché ne manquent pas». Cette ancienne spécialiste en marketing notait tous ses contacts dans un vieux cahier à couverture bleu gris.

Exemplaire. Aujourd'hui, Teresa est jugée avec un comparse et quatre clients, dans un procès que le procureur Hans Ihrman qualifie d'exemplaire. A l'écouter décrire la masse d'informations saisies sur son ordinateur, «l'équivalent de 20 000 pages»