Menu
Libération

Mexico de tous les saints

Article réservé aux abonnés
La Sainte-Mort est la plus prisée du quartier chaud de Tépito.
publié le 28 mars 2003 à 22h24

Mexico de notre correspondant

Tépito : le légendaire quartier de Mexico connu pour ses criminels et ses trafics en tout genre : drogue, armes, organes, CD ou DVD pirates, contrefaçons. Sicarios (tueurs à gages) qui abattent n'importe qui pour 1 000 pesos (100 euros) en exigeant juste une photo et une adresse. Le minibus qui conduit à la rue des Panaderos est bondé. Passées les échoppes du marché, les rues se font presque désertes. Immeubles quasi en ruine, voitures brûlées, clochards, bandes, familles jouant aux cartes sur les perrons. L'autel de la Sainte-Mort (Santa Muerte) se situe à quelques centaines de mètres du marché qui croule sous la foule du week-end. Mais peu s'y aventurent. Le commandant de police du quartier prévient : «C'est un périmètre très violent où se réfugient bon nombre de malfrats recherchés. Quand il y a une histoire, on nous bloque la rue, les femmes et les enfants s'interposent.»

Justice finale. Sur le trottoir des Panaderos, l'autel de la Sainte-Mort croule sous les fleurs, les fruits, les offrandes, les bougies, les photos, sur au moins cinq mètres de long. La «dame blanche», comme on dit ici, est une sculpture de taille humaine : un squelette en pied portant le monde dans la main gauche, une faux dans la main droite ­ symboles de justice finale pour les hommes. «Nous l'habillons en mariée, en tenue de fête, nous changeons ses vêtements tous les mois. Les gens sont enchantés, défilent pour la prière du matin au soir», s'exclame Doña Enriquetta devan