Menu
Libération

Médias ivoiriens sous influence

Article réservé aux abonnés
Tollé autour de l'attribution du ministère de la Communication à un rebelle.
publié le 29 mars 2003 à 22h25

En apprenant la nouvelle, au début du mois, la presse s'était étranglée de rage. «Hélas ! Hélas ! Hélas ! Mille fois hélas !, s'était écrié le National, un quotidien ultranationaliste d'Abidjan. Les mots manquent pour qualifier l'injure et l'humiliation qui viennent d'être faites à la Côte-d'Ivoire en général et aux médias ivoiriens en particulier.» Au sein du gouvernement de «réconciliation nationale», les rebelles du Mouvement patriotique de Côte-d'Ivoire (MPCI) se sont vu confier plusieurs ministères, dont celui de la Communication. A l'époque, elle ignorait que le titulaire de ce portefeuille sensible serait Guillaume Soro, la figure de proue de la rébellion. Sa nomination a été entérinée, la semaine dernière, par le président Gbagbo. Fin janvier, le même National avait promis de réserver à Guillaume Soro un accueil «musclé». Dans une lettre ouverte, le propriétaire du «quotidien ivoirien aux informations directes», Laurent Tapé Koulou, l'interpellait en ces termes : «Si tu mets les pieds à Abidjan, c'est la fin pour toi. Nous aurons ta peau (...) Soro Guillaume, rebelles, vous serez tous mangés si vous venez à Abidjan.» Pour le moment, le gouvernement dirigé par Seydou Diarra siège à Yamoussoukro.

Tribunes réservées. Ce dérapage est loin d'être un acte isolé. Depuis le début du soulèvement militaire, il y a six mois, les médias ont contribué, par leur rhétorique incendiaire, à radicaliser les esprits. Attaques ad hominem de responsables politiques ou de journalistes étra