Bruxelles
de notre correspondant
Les «petits» sonnent l'heure de la révolte. Dans une contribution déposée sur le bureau du président de la Convention européenne, Valéry Giscard d'Estaing, seize petits et moyens pays (1) affirment leur hostilité à la nomination d'un «président du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement». La Pologne et la Roumanie ont fait savoir, vendredi, lors d'une session plénière de la Convention, qu'elles soutenaient cette initiative. Si l'on ajoute les trois Etats du Benelux et la Grèce, qui partagent les mêmes vues, ce sont vingt-deux pays sur les vingt-huit qui participent à la rédaction de la Constitution de l'Union qui s'opposent à l'idée défendue par «seulement» six «grands» pays : France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Turquie et Espagne.
«Méfiance». Mais le rapport de forces est moins accablant qu'il n'y paraît. Dans une Europe à 27 (sans Ankara), les cinq grands pèseront près de 300 millions d'habitants pour une population totale de 481 millions. En véritable démocratie, l'idée d'un président permanent du Conseil européen, remplaçant le système actuel de présidence semestrielle tournante entre les Etats membres, est donc majoritaire. Le problème est que la Convention doit parvenir à une Constitution consensuelle. Si chacun campe sur des positions aussi affirmées, l'échec est programmé.
Le Belge Jean-Luc Dehaene, vice-président de la Convention, ne s'y est pas trompé, qualifiant cette initiative de «regrettable» : elle reflète