Freetown envoyée spéciale
L'endroit pourrait presque passer inaperçu. Ici, pas de colonnes élancées ni de bâtiments imposants, ces attributs des lieux où se rend, en Occident, la justice. Mais à Freetown tout le monde sait que sur la route «Jomo Kenyatta» se trouve la nouvelle cour spéciale pour la Sierra Leone, un tribunal ad hoc créé par les Nations unies en janvier 2002 (lire ci-dessous). Dans ce pays ravagé par dix ans de guerre civile, de 1991 à 2001, un seul bâtiment, en cours d'achèvement, sera construit en dur, celui qui abritera le tribunal. Le greffier, le procureur et les avocats de la défense devront se contenter de préfabriqués.
La cour a commencé à rendre justice. Le procès de l'ancien chef des rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF), Foday Sankoh, et de trois de ses coaccusés a démarré à la mi-mars. Ces hommes sont jugés pour «meurtres, viols, esclavage sexuel, actes de terreur». Parmi les autres responsables d'atrocités inculpés par le tribunal figurent notamment Sam Bockarie, l'un des lieutenants de Foday Sankoh, actuellement en fuite, mais aussi le ministre de l'Intérieur, Sam Hinga Norman. Arrêté début mars, Norman dirigeait les milices Kamajor pendant la guerre, des chasseurs traditionnels acquis à la cause de l'actuel chef de l'Etat. L'ex-ministre, désormais sous les verrous, a comparu à huis clos dans un lieu tenu secret, pour des raisons de sécurité. Il y a quelques jours, il a demandé à ses partisans, par le biais de son avocat, de «rester calmes».
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