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Libération

Rwanda: l'école pour guérir du génocide

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A Kigali, un centre tente de réinsérer les enfants des rues.
publié le 7 avril 2003 à 22h39

Kigali correspondance

Les enfants sont revenus au centre Tubakunde. Malgré les vacances, en cette semaine de commémoration du génocide rwandais de 1994, le directeur de ce centre pour enfants des rues a décidé de rouvrir ses portes. «Il ne faut jamais que les jeunes s'éloignent trop longtemps, explique Epimaque Kanamugire, sinon ils reprennent le large.» Pourtant, le centre Tubakunde, installé depuis 1998 sur une colline de Kigali, est devenu un pôle d'attraction pour les enfants livrés à leur sort. Victime de son succès, il doit rejeter certains candidats, faute de place. «Le nombre d'enfants des rues ne cesse de croître depuis le génocide», déplore le directeur. Selon certaines estimations, on comptait avant 1994 moins de 1 500 mayibobo (enfants des rues en kinyarwanda) ; il y en aurait aujourd'hui plus de 6 000. Neuf ans après l'assassinat de quelque 800 000 Tutsis et Hutus modérés, «les conséquences du génocide continuent de peser sur les enfants rwandais».

Tourner la page. Les propos d'Epimaque Kanamugire sont entrecoupés par les bruits métalliques de l'atelier de soudure, qui jouxte son bureau. Là, les enfants, âgés de 10 à 18 ans, apprennent des métiers, tout comme dans les salles dédiées à la mécanique, au dessin ou aux cours de cuisine. La formation professionnelle, comme l'alphabétisation et l'accès à l'école primaire, c'est ce que de nombreux centres tentent d'offrir aux enfants de la rue pour leur réinsertion sociale. Agé de 17 ans, Bizimana suit des cours de dessi