Le carnage a duré trois heures. D'après les témoignages recueillis auprès des blessés, des prêtres et des chefs tribaux, 966 personnes au moins ont été massacrées jeudi 3 avril dans le district de l'Ituri, près de la frontière ougandaise. Arrivés sur les lieux 48 heures après, les enquêteurs de la Monuc (Mission des Nations unies au Congo) ont identifié une vingtaine de fosses communes autour de la ville de Drodro. Des habitants de cette ville, qui appartiennent en majorité à l'ethnie hema, affirment que les assaillants parlaient un dialecte lendu, accréditant la thèse de l'affrontement ethnique. La Monuc évite pour l'instant de se prononcer sur l'identité des assaillants.
L'Ituri est un concentré de la violence générée par la guerre régionale qui déchire depuis quatre ans la République démocratique du Congo (RDC). Sur de vieilles et sanglantes rivalités ethniques pour l'usage de la terre, s'est greffée une rivalité plus complexe qui oppose les deux puissances frontalières de l'est de la RDC l'Ouganda et le Rwanda et les rébellions qu'elles soutiennent au Congo. L'armée ougandaise s'est en quelque sorte attribué l'Ituri, riche en or, pétrole, bois et uranium, utilisant les milices ethniques pour assurer son contrôle, attisant les conflits en en augmentant les enjeux. En quatre ans, selon des mouvements de défense des droits de l'homme locaux, près de 500 000 personnes ont déserté leurs foyers et 50 000 autres ont été tuées.
Parlant d'«épuration ethnique», le Rassemblement