«Vétéran» de la dissidence cubaine, le socialiste Elizardo Sanchez dirige, depuis 1987 à La Havane, la Commission des droits de l'homme et de la réconciliation nationale (CDHRN), une association illégale mais tolérée par la dictature et membre de la Fidh (Fédération internationale des droits de l'homme). Il a été épargné par la vague de répression qui touche l'île ces dernières semaines. A 59 ans, cet ex-professeur de philosophie marxiste, en a passé plus de huit en prison. «Huit ans, c'est tout. Je dis c'est tout parce que certains de mes proches ont passé vingt-cinq ou trente ans dans les geôles cubaines.» Il a toujours refusé de partir en exil.
Quelle est l'ampleur de cette répression soudaine ?
C'est la vague la plus intense de répression dans toute l'histoire de Cuba. Peu de fois on a vu, en Amérique latine, autant de personnes accusées de délits d'opinion. Soixante-dix-huit personnes sont jugées de façon coordonnée, simultanée, le tout organisé depuis le plus haut niveau du gouvernement.
Des verdicts dictés par Fidel Castro lui-même ?
Si je mentionne le chef de l'Etat, je risque la prison. Mais c'est une façon de vous répondre.
Pourquoi maintenant ?
C'était depuis longtemps un des désirs secrets, un rêve politique du gouvernement : faite taire la dissidence. C'est un rêve de tous les gouvernements totalitaires. Il a juste attendu le moment qu'il estimait le plus favorable. Aujourd'hui, l'opinion publique mondiale et les gouvernements sont tous concentrés sur l'Irak. La guerre a servi de rideau de fumée pour décapiter, liquider la dissidence. Mais c'est une grave erreur qui dérive de la natur