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Libération

SRAS : flagrant délit de mensonge à Pékin.

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Un médecin chinois conteste les bilans des autorités.
publié le 10 avril 2003 à 22h44

Pékin, de notre correspondant.

C'est sans précédent : un médecin militaire chinois, membre du Parti communiste, a écrit à un journal étranger pour contredire le gouvernement sur les chiffres de l'épidémie de pneumopathie atypique. Sans se référer directement à cet incident, mais certainement en écho aux doutes qui persistent sur la réalité des chiffres, l'Organisation mondiale de la santé a souhaité, hier, «pouvoir enquêter en profondeur à Pékin», comme elle vient de le faire dans la province de Canton.

Le Dr Jiang Yanyong, ancien chirurgien en chef de l'hôpital militaire numéro 301 de Pékin, âgé de 71 ans et aujourd'hui à la retraite, a écrit au magazine Time pour contester le nombre de victimes officiellement rapporté dans la capitale chinoise : 19 cas, dont 4 décès. Selon ce médecin, ses collègues de l'hôpital numéro 301 l'ont informé qu'ils traitaient dans ce seul établissement 60 cas et avaient enregistré 7 décès. Le Dr Jiang explique dans sa lettre que bon nombre de médecins et d'infirmières ont été furieux, comme lui, d'entendre le ministre de la Santé, Zhang Wenkang, «mentir» à la télévision en annonçant le nombre de victimes. Il estime que la dissimulation de nombre de cas «ne peut qu'entraîner davantage de morts».

Ce médecin audacieux a d'abord adressé un e-mail à la télévision nationale chinoise CCTV pour contredire le ministre. Ne recevant pas de réponse, il a adressé sa lettre à Time, qui l'a publiée, lundi, sur son site Internet. Le ministère de la Santé a refusé