Mozambique envoyée spéciale
Mouna éclate d'un rire nerveux à la question de savoir quand elle a mangé de la viande pour la dernière fois. «A Noël, nous avons eu du poisson», répond-elle entre deux spasmes. Le visage émacié, cette Mozambicaine ne fait pas partie des bénéficiaires du programme «nourriture contre travail» du Programme alimentaire mondial (PAM). Dans son village de la province déshéritée de Guija, au centre du pays, à plus de 300 kilomètres de Maputo, la capitale, elle doit se contenter, depuis novembre, de mauvaises herbes. Des plantes rampantes qui poussent un peu partout et qu'elle fait bouillir chaque jour. Avec quelques petits fruits jaunes, qu'elle pèle pour faire du jus, c'est la base alimentaire de sa famille de six personnes. «Nous avons faim», répète-t-elle sans cesse.
Trois ans après les grandes inondations qui ont tout emporté sur leur passage, maisons, cultures, bétail et équipements, le Mozambique n'a pas été épargné par la sécheresse qui sévit dans toute l'Afrique australe. Neuf personnes sont mortes de faim, depuis le début de l'année, dans la province reculée de Tete, au nord du pays. Les champs de maïs, qui s'étendent à perte de vue, ne sont plus que pousses jaunies et brûlées par le soleil. Il n'a pas plu depuis novembre. La récolte est perdue. Les habitants des zones rurales, parmi les populations les plus pauvres du monde, sont d'autant plus durement frappés qu'ils n'ont pas eu le temps, en trois ans, de se relever des inondations.
«Nourriture