Belgrade
de notre correspondante
En Serbie, où l'état d'urgence devrait rester en vigueur jusqu'à la fin du mois, il y a eu déjà plus de 8 000 interpellations. Quelque 2 000 personnes ont été placées en détention préventive toutes soupçonnées d'avoir trempé d'une façon ou d'une autre dans l'assassinat, le 12 mars, du Premier ministre serbe, Zoran Djindjic, ou dans d'autres crimes politiques commis par le défunt régime. L'éventail des suspects comprend des personnalités insoupçonnables : des mafieux certes, mais aussi des hauts magistrats, d'anciens responsables de la police secrète, d'anciens paramilitaires, des journalistes, des généraux à la retraite, des dirigeants du Parti socialiste de Slobodan Milosevic et enfin d'anciens proches collaborateurs de Kostunica, le président de la Yougoslavie, fondée en 1992 par Milosevic et dissoute le 4 février pour être remplacée par l'Etat de Serbie et Monténégro. «L'opinion en apprendra bien davantage et sera stupéfaite lors des procès», promet la police serbe.
«Patriotes». Pour les enquêteurs, le défunt Premier ministre a été victime d'un vaste complot préparé par un groupe baptisé «la Fratrie de La Haye» (allusion aux Serbes menacés par le Tribunal pénal international pour les crimes de guerre commisÊen ex-Yougoslavie dans les années 90.) L'idée était de rétablir au pouvoir «les patriotes», les alliés de Slobodan Milosevic, renversé en octobre 2000 par la coalition DOS, dont Djindjic était, avec Vojislav Kostunica, le principal leader.