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Libération

Cuba, l'ONU n'a rien vu

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En votant une résolution timide, elle fait mine d'ignorer procès sommaires et exécutions.
publié le 18 avril 2003 à 22h54

Un tour de force. Après plusieurs jours d'âpres négociations diplomatiques, la Commission des droits de l'homme (CDH) de l'ONU est parvenue, hier, à Genève, à réprimander gentiment Cuba... sans faire la moindre allusion aux trois exécutions sommaires de la semaine dernière, ni aux condamnations expéditives, début avril, de 75 dissidents à des peines de 6 à 27 ans de prison. Approuvée par 24 pays sur 53 (20 ont voté contre et 9 se sont abstenus), la résolution de la CDH, présentée notamment par l'Uruguay et le Pérou et soutenue par les Européens et les Etats-Unis, se borne à reprendre celle adoptée l'an dernier à la même époque.

Elle demande à Cuba de «recevoir la représentante spéciale du Haut Commissaire [la juriste française Christine Chanet, ndlr] et de mettre à sa disposition tous les moyens nécessaires pour lui permettre de s'acquitter pleinement de son mandat» ­ enquêter un tant soit peu sur la situation des droits de l'homme dans l'île. Depuis un an, la dictature castriste refuse de la recevoir. Mais la CDH a fait comme si de rien n'était. Et comme si rien ne s'était passé depuis.

Vague de répression. Entre le 18 et le 21 mars, le régime castriste a mené sa plus grande vague de répression politique depuis des années. Militants des droits de l'homme et journalistes indépendants arrêtés ont été condamnés à de lourdes peines après des procès sommaires, accusés d'atteinte à la «sécurité nationale», d'être des «mercenaires» au service des Etats-Unis. Parmi eux, beaucoup de p