Kalkilya envoyé spécial
Dans la remise, une girafe empaillée se tient debout aux côtés de son petit. Contre le mur, couché sur une palette de bois, le zèbre a presque retrouvé une apparence de vie. Quelques mois plus tôt, ils tournaient en rond, dans les cages défraîchies de l'unique jardin zoologique palestinien. «Quand un animal meurt, je fais de mon mieux pour le préserver», explique Sami Mahmoud Khader, le vétérinaire de l'établissement, devenu taxidermiste malgré lui. Par une nuit d'affrontements, la girafe s'est étalée de tout son long. «De peur, elle a dû bondir et trébucher.»
Sami Khader montre les impacts de balles sur le mur de la ménagerie. Il a aussi perdu trois zèbres après des tirs de gaz lacrymogènes. Une autruche s'est cassé la patte lors d'une fusillade. Affolé, un babouin s'est coupé deux doigts sur un grillage aiguisé par la rouille. Le lion est mort de vieillesse au début de l'Intifada, tout comme l'hyène, le lama et le chat sauvage. «Il n'y a plus rien ici. Qu'est-ce que les gens vont venir voir ?» s'interroge le véto devant ses enclos vides. En deux ans et demi, le zoo a perdu un tiers de sa population. De nombreuses bêtes achetées lors de l'ouverture, en 1986, sont décédées de cause naturelle. «Nous ne pouvons pas renouveler les générations», se lamente le directeur, Saïd Daoud. Récemment, il a encore appelé à l'aide l'un de ses homologues à Tel-Aviv. «Je lui ai dit que son prix était le mien. Il m'a répondu : "Vous êtes fou ! Vous ne savez donc pas ce q