Mossoul envoyé spécial
Un soleil flamboyant décline sur les remparts, cédant rapidement à un croissant de lune. Mossoul rougeoie avant de s'estomper et ses muezzins semblent pleurer la fin du jour. Crépuscule sublime autant que redouté. Dans une ville sans droit où rôdent les malandrins, les résidents entament une veille éprouvante, claquemurés dès que point la pénombre. De rares retardataires se pressent vers leurs foyers. La peur se lit dans les regards inquiets, les dos voûtés, les gestes trop furtifs. Un réel soulagement se devine à la vue de ces turbans blancs, signe distinctif des groupes d'autodéfense arabes. Salutations, embrassades, remerciements appuyés closent inévitablement un contrôle ferme mais courtois des passants. Les miliciens reçoivent ces témoignages de sollicitude avec le sourire modeste qui sied aux militants islamistes. Ahmed, leur chef, recteur de la mosquée voisine, assure les habitants du quartier qu'il ne fait que son «devoir de bon musulman» en patrouillant les rues à la tête d'une escouade de jeunes gaillards armés jusqu'aux dents.
Arsenaux abandonnés. Chaque soir, dans chacun des arrondissements arabes de Mossoul, un petit détachement de jeunes dévots recrutés dans les mosquées prend à sa charge de dresser des barrages, arrêter les voitures, vérifier les identités, pour ne laisser passer que les résidents reconnus. Une véritable milice religieuse, discrètement chapeautée par un conseil d'une dizaine d'oulémas sunnites hostiles à l'ancien régime ir