Ramallah de notre envoyé spécial
Les voitures officielles filent à travers les remblais de terre et les décom bres. Ministres sortants ou pressentis, diplomates et émissaires, policiers avec ou sans uniforme se succèdent à la présidence palestinienne réduite par les obus à une aile d'immeuble. Perdue au milieu d'un champ de ruines, la Moqata, ou ce qu'il en reste, a retrouvé l'ambiance des grands jours. Journalistes et photographes se pressent devant son perron défendu par des sacs de sable. Ceux qui ne se déplacent pas téléphonent, comme Tony Blair, Hosni Moubarak, ou le roi Abdallah de Jordanie. A la faveur d'une crise ministérielle, Yasser Arafat focalise à nouveau l'attention du monde.
Pression. Cette bousculade de dignitaires aurait pu apparaître comme une revanche pour un homme assiégé dans son bureau, boudé ou traité en pestiféré, si ses interlocuteurs n'étaient pas venus lui demander de partager enfin son pouvoir. Depuis hier, le vieux leader palestinien ne règne plus seul. Soumis à une énorme pression internationale, il a cédé aux principales exigences de son Premier ministre désigné, Mahmoud Abbas, et approuvé la composition de son gouvernement. Dorénavant, le maintien de l'ordre, l'un des enjeux essentiels de cette bataille, lui échappe. L'homme plus connu sous son nom de guerre d'Abou Mazen vient de remporter une double victoire. Non seulement il s'arroge le ministère clé de l'Intérieur, mais il disposera à ses côtés de Mohammed Dahlan, chargé de la Sécurité intéri