Baaqouba envoyé spécial
La ville est réputée pour ses oranges. Mais ces jours-ci, ce sont plutôt des tanks calcinés que l'on trouve dans les vergers qui entourent Baaqouba. Des blindés démantibulés gisent entre les palmiers déracinés par le souffle des missiles. La forêt a été littéralement hachée par les bombes. Dès qu'on dépasse le pont métallique qui enjambe la rivière Dyalah et marque les limites de la ville, il n'y a plus aucune trace de combats. A 80 km à l'est de Bagdad, Baaqouba n'a vu de la guerre que les avions américains et les Bagdadiens fuyant les bombes à la campagne. Cette prospère ville agricole est l'agglomération la plus importante avant la frontière iranienne : c'est un endroit calme que la guerre n'a pas vraiment atteint. L'armée américaine n'y est même pas entrée, il a suffi que Bagdad chute pour que Baaqouba tombe comme un fruit mûr. L'armée irakienne a juste pris la fuite, laissant ses armes sur place. Les pillages semblent avoir été moins massifs qu'à Bagdad, Bassora ou Mossoul. De paisibles policiers font la circulation, le souk est approvisionné, la gare routière, près de laquelle passe la route principale Bagdad-Kirkouk, ne désemplit pas. Baaqouba mène une vie tranquille. Après quelques jours de flottement et de troubles, une forme d'autogestion s'est installée. C'est un «comité populaire» aux contours politiques flous qui dirige la ville.
Mouvement populaire. Au local de l'Assemblée suprême pour la révolution islamique en Irak (Asrii), présenté par