Jérusalem envoyé spécial
Les deux «kawas», engoncés dans un uniforme d'un autre temps, martèlent avec leur bâton ferré les dalles de la vieille ville. Le prêtre, dont les gardiens annoncent l'arrivée, tient en évidence dans sa main la clé la plus convoitée de Jérusalem. Il est suivi d'une colonne de métropolites, de diacres et de séminaristes vêtus de noir, la tête parfois enfouie sous une capuche. Sûrs de leur bon droit, ils marchent d'un pas décidé vers le Saint-Sépulcre à travers des rangées de soldats et de policiers israéliens. Les fidèles les regardent partir avec inquiétude. «Il va y avoir plein de blessés», prédit une vieille dame en arménien. En ce samedi de Pâques orthodoxe, c'est à l'Eglise arménienne qu'il revient l'honneur de pénétrer la première dans le lieu le plus sacré, mais aussi le plus disputé de la chrétienté. Sur le parvis, la procession passe en silence devant des membres du clergé grec. Comme le veut la tradition, un musulman frappe l'un des battants avec le heurtoir. Puis le prêtre lui remet la lourde clé qu'il introduit dans le cadenas. Le moindre geste obéit à un rituel réglé comme un métronome. Chacune des Eglises qui se partagent le sanctuaire épie l'autre. Un faux pas peut déclencher une guerre de religion.
Grain de sable. Plus tard, la même précision doit régir la cérémonie du «feu sacré», symbole de la résurrection du Christ. Chaque année, le «miracle» se reproduit à huis clos : le prêtre arménien et le patriarche grec orthodoxe s'enferment dans